— Droit & Démocratie — Crises sanitaires, écologiques, sociales, économiques : pour un monde vivable, coopérons

Face au COVID-19 et aux multiples crises révélées par cette pandémie mondiale, Arnaud Schwartz, nouveau président du mouvement France Nature Environnement, appelle chacun et chacune de nous à préférer la coopération à la compétition. Cet appel est individuel mais aussi collectif : défendre nos petits intérêts personnels au détriment de l’intérêt général nous fera tous perdre. Plus qu’un vœu, c’est un devoir collectif.

« Le message apparaît dans un contexte violent, brutal, il est pourtant porteur d’espoir. Si chaque jour de confinement, le COVID-19 révèle et exacerbe nos fragilités individuelles et collectives, il nous démontre aussi que la coopération nous grandit et nous rend plus fort quand la compétition, au mieux nous ridiculise et au pire, nous met collectivement en danger. Préférer à chaque échelle cette coopération à la compétition est une condition indispensable pour vivre dans un monde vivable.

« Oui, se serrer les coudes fait du bien. Au moral et au quotidien. »

Coopérer nous fait d’abord rudement du bien, d’un point de vue individuel. Nous pensons à toutes ces initiatives pour soutenir les soignants bien sûrs, mais aussi à la réorganisation des solidarités qui s’opère du mieux possible. Ici de l’aide scolaire pour des enfants dont les parents ne savent ni lire ni écrire, là des dons de fleurs pour les EHPAD ou encore des places d’accueil pour des personnes sans domicile fixe vivant avec un chien… Comme trop souvent, ce sont les plus fragiles qui souffrent le plus durement de la crise. Si ces solidarités ne peuvent pas tout résoudre, la coopération qu’elle enclenche adoucit les difficultés et révèle le meilleur de nous-même. Oui, se serrer les coudes fait du bien. Au moral et au quotidien. À l’opposé, vols de masques, pollutions sauvages et autres batailles dans des magasins nous rappellent qu’un monde vivable est impossible si nous laissons nos égoïsmes seuls s’exprimer.

La coopération, c’est aussi la voie choisie par France Nature Environnement depuis plus de 50 ans, dans les temps cléments comme dans les épreuves. Aujourd’hui, parmi les millions d’actifs dans une grande incertitude professionnelle se trouvent de nombreux « hérissons ». Plusieurs associations du mouvement France Nature Environnement ont en effet dû opter pour le chômage partiel suite à l’annulation de sorties nature, opérations naturalistes et autres projets qui financent une partie de l’activité. Notre fédération a été fondée sur une conviction : ensemble, nous sommes plus forts. Alors dans cette période pleine d’incertitudes, le mouvement s’attache à coopérer. En s’épaulant, nous tentons de faire en sorte que le tournant imposé par cette crise ne soit pas une douloureuse claque pour les associations de protection de la nature et de l’environnement et les hommes et femmes qui les composent. C’est une nécessité pour notre mouvement mais aussi pour l’intérêt général, afin que les défenseurs de la nature puissent apporter leurs expertises et éclairages aujourd’hui, demain, à toutes les échelles et sur l’ensemble du territoire français.

« Il s’agit de travailler ensemble pour redonner la priorité à l’intérêt général et aux « communs ». Il en va de nos intérêts collectifs. »

Préférer la coopération à la compétition, c’est aussi un devoir commun. Cette pandémie nous rappelle, s’il fallait encore le prouver, que les intérêts économiques ne peuvent être au-dessus de tout. En effet, le COVID-19 s’est abattu sur la France en pleine crise de l’hôpital, soulignant par la même le caractère vital d’un système de santé robuste. Il augmente aussi les vulnérabilités sociales. La pandémie se révèle par ailleurs intimement liée à la crise environnementale : la destruction des écosystèmes, la multiplication des élevages intensifs ou encore le trafic illégal d’espèces favorisent en effet l’apparition et la diffusion de tels virus. Résultat ? L’économie pâtit rudement du virus au même titre que la société toute entière. Coopérer, malgré nos divergences et sans renier les responsabilités de chacun·e, est bien une nécessité : il s’agit de travailler ensemble pour redonner la priorité à l’intérêt général et aux « communs ». Il en va de nos intérêts collectifs.

Au lendemain de la crise, ce serait une erreur historique et impardonnable de repartir chacun dans son coin, comme si rien ne s’était produit et de s’attacher uniquement à rafistoler le monde économique et financier. Notre appel est simple : décideurs publics et privés, sortons des tours d’ivoire, osons la coopération au nom du bien commun ! C’est en faisant cet effort que nous pourrons proposer un projet stimulant d’après crise, porteur à la fois d’espérance mais aussi de bon sens, de solutions durables et pérennes. France Nature Environnement milite pour que ce projet se dessine dans une gouvernance rénovée, incluant plus fortement que jamais la société civile organisée.

Le président Macron a annoncé vouloir des « décisions de rupture » une fois la crise passée. Associer toutes les composantes de la société civile, de manière démocratique et transparente et ne plus dissocier les crises serait un pas immense. En effet, si ces crises sanitaires, environnementales, sociales et économiques ont chacune leurs spécificités, elles sont souvent interdépendantes : mettre en cohérence les réponses que nous y apportons reste l’assurance de les traiter durablement. C’est par exemple envisager une relance économique qui protège les conditions de travail et favorise le développement d’un tissu économique local, créant des emplois pérennes et respectueux des limites naturelles. C’est assortir la mise en place d’aides aux entreprises à des conditions et objectifs environnementaux et sociaux. C’est favoriser le développement de l’agroécologie, des énergies renouvelables, de la réduction des déchets, des PME et de l’artisanat pour permettre la résilience durable des territoires tout comme leurs transitions écologiques. Pour ce travail, il sera nécessaire de mettre en place une gouvernance efficace pour s’assurer pendant de nombreuses années de la bonne utilisation des flux financiers qui vont être débloqués.

« L’Europe possède de puissants leviers afin de remettre l’intérêt général au cœur du développement du continent. »

Loin des replis nationalistes et de la tentation autoritaire, la coopération s’avère également vitale à l’échelle européenne. Travailler entre États pour combattre le coronavirus mais aussi pour lutter contre ses causes et ses conséquences assure notre efficacité, d’autant plus que les pandémies futures – tout comme les pollutions, le dérèglement climatique ou encore la crise de la biodiversité – ne connaissent pas les frontières. À défaut d’entente mondiale et de respect des préconisations de l’ONU, la coopération européenne est incontournable. À notre échelle, nous y travaillons d’arrache-pied en nous investissant dans plusieurs fédérations d’associations européennes de protection de l’environnement. Ensemble, nous faisons quotidiennement le constat que l’Europe possède de puissants leviers afin de remettre l’intérêt général au cœur du développement du continent. En améliorant le Green Deal, la Politique Agricole Commune et le Cadre Financier Pluriannuel de l’Union Européenne, nous pouvons notamment opérer une réorientation majeure des projets et financements européens et nationaux afin que l’Europe, première puissance mondiale, prenne la trajectoire d’un monde vivable.

Préférer la coopération à la compétition, de l’échelle individuelle à l’échelle internationale, est très loin d’être un long fleuve tranquille. Défendre son seul intérêt personnel semble à côté si confortable. Face à cette tentation, nous devons nous rappeler que cette vision court-termiste nous mène à notre perte : elle nous reviendrait dans un violent effet boomerang. Les crises sont historiques, le défi semble immense et ce n’est pas seul que nous arriverons à y répondre.

Mon appel est donc sans ambiguïtés : pour sortir de ces crises, mettons nos égoïsmes de côté et coopérons au service de l’intérêt général. Prenez soin de vous, de vos proches, des inconnus dans le besoin, du monde vivant qui vous entoure et tentons de déployer nos énergies pour sortir par le haut de ces crises inédites que nous traversons.

Bien chaleureusement, »

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3 réponses à — Droit & Démocratie — Crises sanitaires, écologiques, sociales, économiques : pour un monde vivable, coopérons

  1. Yonel Gounot dit :

    Merci Jean pour ce beau partage auquel j’adhère.
    Nous allons tenter d’en tenir compte dans notre nouvelle mandature.
    Notre village st déjà plein de coopération de par la richesse de ses associations, mais je pense que la nouvelle équipe municipale peut aller encore plus loin.
    Bon courage à toutes et tous, on voit le bout du tunnel et la lumière qu’on aperçoit est porteuse d’espoir pour une autre société moins en compétition et plus en partage. Soyons vigilants, les peuples ont la mémoire courte !
    Yonel

  2. Erwin Museur dit :

    Bravo, rien à ajouter!!

  3. christiane latrace dit :

    j’espère que cet article sera beaucoup lu et partagé car, en effet « rien à ajouter »… prenons-nous par la main et …faisons

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